Au départ j’me levais à six heures
Aucun trimard ne m'faisait peur
À cœur perdu j’suivais l’ornière
Les prolétaires, ça vit en fourmilière.
Fallait nous voir, jobards suicidaires
Tous fiers de s’tuer au boulot
Si c’est pas l’comble du suicide, haro !
J’me fais métro, boulot, lève-tôt.
Quand faut y aller, faut pas y aller, taïaut !

Travail, attention danger
On veut m’apprivoiser
Chômage et liberté
V’là du bonheur, Ô gué !

Aussitôt que s’lèvent les trompe-la-mort
Moi, en mémoire d’ces matins d’effort
Où m’sonnait l’affreux tambour-major
À chaque fois j’me rendors, j’me rendors…
Et un beau jour on m’a libéré
J’veux dire en résumé : licencié
Ça voulait seul’ment dire : plus d’argent
Ferlampier qui vit d’l’air du temps

Travail, attention danger
On veut m’apprivoiser
Chômage et liberté
V’là du bonheur, Ô gué !

J’craignais de plus faire fumer la bleue
Celle qui rend les gens affaireux.
Mais faut s’contenter d’peu, paresseux
Vivre chich’ment peut-être, mais heureux !
Ni 39 ni 35, pas même 32
Tant que l’turbin y en a pas assez
J’le laisse aux autres, salut salariés !
J’veux plus perdre ma vie à la gagner.

Travail, attention danger
On veut m’apprivoiser
Chômage et liberté
V’là du bonheur, ça y est !

La la la la la… salut trimard, salut !